La nouvelle Politique Commune des Pêches, adoptée en 2014, introduit l’obligation de débarquer toutes les espèces soumises à des limites de captures, également appelées TAC (taux admissibles de capture). Depuis 2020, plus aucune pêcherie communautaire ne peut rejeter les espèces concernées par ces TAC. Si des dérogations sont prévues dans des conditions particulières (liées aux contraintes techniques ou économiques imposées par l’interdiction de rejeter), dès 2014 les professionnels se sont mobilisés, avec l’appui des scientifiques, pour envisager des solutions techniques permettant de réduire significativement les rejets dans l’ensemble des pêcheries.
Les pêcheries chalutières multispécifiques (pêchant différentes espèces à la fois) dans les mers Celtique, Manche ouest et à l’ouest de l’Irlande sont particulièrement concernées par cette interdiction, et les données du programme d’observation à la mer OBSMER indiquent que les rejets représentent en moyenne 20 % des captures totales. L’application de l’obligation de débarquement à ces flottes pourrait remettre en cause la pérennité de leurs activités.
Dans ce contexte, l’amélioration de la sélectivité des engins de pêche apparaît comme une nécessité pour répondre aux objectifs fixés par la réglementation européenne, tout en maintenant l’approvisionnement alimentaire issu de ces pêcheries. Des améliorations techniques ont déjà été testées, spécifiquement pour les chalutiers de mer Celtique ou d’autres navires pratiquant des activités similaires. Si certaines ont été largement adoptées, d’autres n’ont jamais été réellement utilisées, les résultats de l’époque indiquant des contraintes techniques d’utilisation ou des pertes supérieures aux bénéfices potentiels.
Compte tenu des évolutions technologiques et des contraintes nouvelles qui s’imposent aux producteurs, les dispositifs de sélectivité déjà testés, doivent être revus pour assurer une utilisation optimale pour les espèces commercialisées et non valorisées.
Deux pêcheries sont particulièrement distinguées l’une ciblant les gadidés (merlan, églefin et cabillaud), l’autres ciblant les espèces benthiques (baudroie, cardine, raies).
Le programme d’amélioration de la sélectivité des chalutiers hauturiers de mer Celtique (CELSELECT), a pour objectif de répondre à la question : comment diminuer les rejets de la pêche chalutière ? Les espèces ciblées par ce travail de sélectivité, toutes d’un intérêt commercial reconnu pour la filière, sont les suivantes : le merlan, l’églefin, le cabillaud, la baudroie, la cardine et la raie. L’objectif est donc dans un premier temps de réduire les captures de juvéniles sur ces espèces, qui ne peuvent être valorisées faute d’avoir atteint la taille de commercialisation. Un deuxième objectif est également d’éviter les prises accessoires d’autres espèces, non commercialisables (ou pour lesquelles il n’y a pas de quotas de pêche). Globalement, les captures de juvéniles d’espèces ciblées d’intérêt commercial doivent être réduites pour garantir une meilleure valorisation : merlan, églefin, cabillaud, baudroie, cardine, raies. L’échappement d’autres espèces, dont les quotas disponibles sont faibles (voire nuls), ou mieux valoriser par d’autres flottilles doit être considérablement amélioré pour éviter l’effet dit « d’espèce limitante » qui pourrait conduire à la fermeture prématurée de pêcheries : espèces de petits pélagiques (maquereau, chinchard, sanglier, merlan bleu), plie.