La pêche du Thon Rouge à la palangre n’étant pas monospécifique, d’autres espèces sont capturées accidentellement, comme des raies et des requins. En plus de l’utilisation de techniques de remise à l’eau des individus vivants, la SATHOAN et ses adhérents cherchent à atténuer ces interactions.
Contexte
Objectifs
Tester un dispositif d'éloignement des sélaciens en conditions réelles de pêche.
Mesurer l’impact du dispositif sur les espèces ciblées et non ciblées.
Recueillir les impressions des professionnels et définir les améliorations à apporter au dispositif.
Mise à jour de l'application de déclaration des espèces sensibles ECHOSEA.
Actions
Le projet SHARKGUARD a permis de tester un dispositif en conditions réelles de pêche, avec l’appui des ingénieurs de FISHTEK et ISI-FISH. Ce dispositif, placé à une courte distance de l’hameçon (30 à 40 cm), émet des ondes électromagnétiques auxquelles les raies et requins sont sensibles (répulsion), car ils possèdent des électro-récepteurs appelés ampoules de Lorenzini.
Deux navires de pêche à la palangre ont participé à l’expérimentation pour un total de plus de 25 000 hameçons mis à l’eau et analysés. Chaque ligne de palangre était divisée en 3 parties : des hameçons non équipés (témoins), des hameçons équipés de dispositifs actifs et d’autres de dispositifs inactifs.
Les observateurs ont relevé les captures sur chaque traitement avant de remettre à l’eau les individus non ciblés.
Résultats
Le dispositif SHARKGUARD actif a eu un impact positif sur la réduction des captures de Raies pastenagues et de Requins bleus, mais également sur le Thon Rouge.
Le dispositif inactif a également eu un effet sur la raie et le requin, probablement en tant que répulsif visuel, avec une diminution de 56 % des captures de Raies pélagiques et de 73 % des captures de Requins bleus. Pour le Thon Rouge, c’est une augmentation de 16 % des captures sur les hameçons équipés du dispositif inactif.
Le projet SHARKGUARD a permis de mettre en évidence l’efficacité du dispositif d’éloignement des sélaciens pour la pêcherie palangrière de Thon Rouge en Méditerranée. En s’inscrivant dans la continuité de deux autre projets (Selpal et Repast), qui avaient permis quant à eux de mieux comprendre les comportements de deux espèces emblématiques et non recherchées (le requin bleu et la raie pastenague), ce projet concrétise une adaptation des pratiques de pêche pour favoriser l’évitement ou la survie (en cas de capture) de ces espèces protégées. Il permet également de contribuer à l’amélioration de l’application utilisée par les professionnels pour éviter les zones de présence des sélaciens.
Plusieurs pistes d’amélioration ont été identifiées par les professionnels pour pouvoir utiliser le dispositif tout en maintenant la capturabilité de l’espèce cible :
- Rendre l’appareil plus petit, discret et léger
- Tester plusieurs paramètres visuels
- Diminuer le temps de recharge et de manipulation
- Diminuer le coût d’achat dans la pêcherie
L’implication des pêcheurs dans la préservation de la ressource, au travers des projets SHARKGUARD, REPAST et SELPAL, s’est traduite par l’obtention de l’écolabel « Pêche Durable », pour la pêcherie de thon rouge artisanale, en juillet 2019.